Affaire conclue ... (libre)

Messages : 7 Date d'inscription : 13/02/2009 Age : 37

Le crépuscule cédait doucement sa place à la nuit dans les rues étriquées de la cité. Cela n'empêchait pas ses habitants d'aller et de venir, pour commercer, discuter, ou plus simplement partir en quête d'une bonne pinte de bière. On y croisait de tout. Beaucoup de nains, certes, compte tenu du fait que les Monts Mythril étaient par définition leur territoire, mais on trouvait également une population plus cosmopolite, du voyageur elfe parti découvrir le monde à l'homme venant faire quelque mystérieuse affaire.

C'est à cette dernière catégorie qu'appartenait celui qui, encapuchonné de noir, se faufilait, méfiant, dans le dédale de ruelles d'un des quartiers de la ville. Il lançait furtivement des regards derrière lui, comme pour s'assurer qu'il n'était pas suivi, et poursuivait précautionneusement son chemin jusqu'à arriver à la porte d'une taverne qui à en croire l'enseigne, se nommait "La Dague d'Argent". Après un dernier coup d'œil aux alentours, il poussa la porte de l'établissement. L'endroit avait une atmosphère qui lui était bien propre : un parfum de mystère y flottait, et on ne pouvait s'empêcher de se demander si le calme apparent qui y régnait ne cachait pas quelque chose de plus sombre. L'homme s'avança prudemment entre les tables, cherchant des yeux la personne qu'il était venu rencontrer en cet endroit. Il eut beaucoup de mal à la discerner, tant la discrétion naturelle de Lena donnait l'impression qu'elle était fondue dans le décor, mais elle était bel et bien là.

Elle tenait à sa main une tasse d'un breuvage encore fumant qu'elle porta délicatement à ses lèvres. Le premier détail qui frappait lorsqu'on rencontrait la jeune mercenaire, c'était la beauté et la finesse de ses traits qui, ajoutés à son élégance digne d'une personne noble, rendaient quasiment impossible pour quiconque de se doute de sa véritable profession. L'homme resta figé un court instant, légèrement subjugué par cette image comme il l'avait été à leur première rencontre, avant d'oser finalement s'installer à la table de la jeune fille, face à elle. S'assurant que personne ne les écoutait, il finit par parler, d'une voix qui se voulait prudente.

- J'espère que vous vous êtes montré discrète … Choisir un endroit public pour un tel rendez-vous …

Reposant doucement la tasse dans la soucoupe prévue à cet effet, Lena leva alors ses yeux d'un bleu de glace vers ceux de l'homme. De sa voix à la fois envoutante et monocorde, elle répondit :

- Je suis navrée que cette modeste taverne ne vous convienne pas, monsieur. Cependant, je pense que si vous aviez opté pour une tenue plus conventionnelle, vous n'auriez pas attiré l'attention sur notre table.

Etait-ce un vague sourire qui était apparu l'espace d'un instant sur les lèvres de Lena ? L'homme ne se posa pas la question bien longtemps, aigri par la remarque délicieusement acerbe de celle qu'il avait engagée quelques jours plus tôt. Il n'ôta pas pour autant son capuchon, et enchaina sur un ton un peu plus sec.

- Assez palabré … Vous avez fait ce que je vous avais demandé ?

Haussant un sourcil, Lena répondit aussitôt :

- Chercheriez-vous à m'offenser ? Votre requête était ridiculement simple à mener à bien. Je l'ai fait d'une seule main.

Ses doigts glissèrent alors vers une poche à l'intérieur de son large manteau noir, et elle en ressortit un médaillon en argent, légèrement taché de sang, qu'elle fit osciller devant le nez de son interlocuteur.

- Cela suffira peut être à vous convaincre de ma bonne foi.

L'homme contempla l'objet un instant, comme mystifié. Ainsi elle l'avait fait … Elle était parvenue à assassiner celui qui avait été son pire ennemi. Il tenta alors doucement de se saisir du pendentif mais retira sa main avec hâte lorsqu'il ressentit un léger choc électrique le parcourir.

- Oh, veuillez m'excuser. J'oublie toujours de modérer mes énergies quand j'entre en contact avec d'autres personnes.

Elle rangea l'objet là où elle l'avait prise, tout en expliquant :

- Si vous avez fait appel à moi, c'est bien pour qu'on ne vous lie jamais à cet assassinat, non ? Il vaudrait donc mieux que vous ne conserviez pas de "souvenirs" trop … dangereux.

Toujours aussi méfiant, l'homme rétorqua :

- Et qu'est-ce qui me garantis que vous n'irez pas crier sur les toits ce que vous savez, hein ?

Lena se saisit à nouveau de sa tasse et but une autre gorgée de thé, avant de répondre :

- Je n'ai pas pour habitude de crier où que ce soit, monsieur. Et si vous voulez mon humble avis, les gens n'auront pas besoin de moi pour deviner qui est la personne à qui profite le plus la mort de la personne que vous m'avez demandé de tuer. Maintenant, si vous n'avez plus d'autres objections futiles à manifester, je vous demanderai de bien vouloir me donner la seconde moitié de la somme convenue, car j'ai d'autres obligations en ville, et je déteste faire attendre les gens.

Malgré son attitude courtoise, un esprit aiguisé aurait pu deviner que Lena méprisait son interlocuteur. Il était aussi lâche et vil que la personne qu'il lui avait demandé de tuer. Mais il était venu la voir, et elle avait accepté. Aussi mènerait-elle son contrat à terme avec son professionnalisme habituel. A contrecœur, l'homme glissa sous la table une bourse pleine d'or, que Lena saisit avec sa discrétion coutumière pour la mettre dans sa poche. Elle ne prenait même pas la peine de compter, cela était inutile. Oser prendre le risque de duper un Maître Assassin de sa renommée était synonyme de suicide. Désireux de ne pas s'attarder dans cet endroit, l'homme se leva et s'apprêta à partir lorsqu'il lança :

- Au plaisir de ne jamais vous revoir, mademoiselle.

Elle ne se formalisa pas de la remarque, et sur le même ton calme et poli, elle répondit :

- Je vous le souhaite, Monsieur. Si nous nous recroisions, cela voudrait dire que quelqu'un m'a engagé pour vous tuer. Et vous êtes à présent bien placé pour savoir …

Elle interrompit sa phrase pour boire une dernière gorgée de son thé, et sans relever les yeux, elle conclut :

- … que je n'échoue jamais.

L'échine de l'homme frissonna de crainte, si bien qu'il en fit presque lui-même surpris. Comment une jeune femme d'apparence si délicate pouvait dégager une aura aussi menaçante sans même hausser le ton ? Il préféra ne pas chercher à répondre à la question et quitta précipitamment les lieux, laissant à Lena le loisir de commander un autre thé, et d'observer silencieusement les nouveaux arrivants.

Tueuse Pourpre Messages : 18 Date d'inscription : 08/03/2009 Age : 35

La nuit s'était totalement installée dans les ruelles, assez rapidement, d'ailleurs. Désormais, il n'y avait que quelques rares noctambules pour s'y promener encore. Mais pas seulement. En effet, dans l'apparent silence qui régnait maintenant sur la cité endormie était légèrement perturbé par le son de bottes foulant le sol. S'il n'y avait que ce son... Les quelques personnes qui déambulaient dans les rues changeaient rapidement de direction, lorsque l'ignoble odeur de sang frôlait leurs narines. Le son des bottes et l'odeur de sang se dirigeaient lentement vers la, porte de bois d'une taverne, dont une légère lumière provenant des fenêtres permettaient de deviner qu'elle était ouverte. Après tout, les tavernes atteignaient souvent leur pic de fréquentation à la tombée de la nuit. Éclairée par une petite lanterne qui en avait vraisemblablement assez de la vie, l'enseigne nous donnait le nom de ce lieu pittoresque: "La Dague d'Argent". Une main pâle se posa sur la poignée, et la poussa vers le bas, afin d'entrouvrir la porte, qui fût totalement ouverte, dans un petit grincement, d'un geste de canne. Le son des bottes résonnait désormais sur le sol de la taverne, et était suivit par l'odeur de sang, qui referma la porte d'un coup de talon.

Elizabeth porta à ses lèvres l'extrémité de sa longue pipe qu'elle tenait entre deux doigts, l'index et le majeur, puis expira une fumée légèrement dorée et grisâtre. Elle fît cela tout en s'avançant vers le comptoir, faisant résonner, en plus de ses bottes, le son de sa canne sur le plancher; canne qui était plus un accessoire d'apparat qu'autre chose. Elle s'accouda au-dit comptoir, et prit une nouvelle bouffée de ce qui se trouvait dans sa pipe, avant de l'expirer en direction de l'homme face à elle. Elle montra du doigt quelque chose derrière lui. Dans la minute qui suivit, il posa face à elle un verre qu'il remplit d'un liquide rouge. Probablement du vin, qui ne devait sûrement pas être de très bonne qualité au vu de l'endroit. Mais Elizabeth ne s'en souciait pas vraiment. Elle se contenta de porter le verre à ses lèvres tout en balayant du regard la taverne qui était plongée dans une semi-obscurité à cause de la faiblesse de l'éclairage. Tout cela apportait un certain charme et un certain mystère à l'endroit, ce qui ne lui déplaisait pas. Ses yeux bleus se posèrent presque d'eux mêmes sur une table un petit peu en retrait des autres. Deux personnes s'y trouvaient, un homme déjà prêt à partir et une jeune femme. Ils avaient visiblement eu une petite discussion, mais Elizabeth ne pu qu'entendre vaguement la fin de celle-ci.

Après avoir vidé son verre, et après le départ de l'homme, Elizabeth se dirigea vers la table de la jeune femme, qui était désormais seule. Elle tira la chaise vacante à elle et s'y assit, sans un mot. Elle prit une nouvelle bouffée de fumée qu'elle expira en tournant la tête sur la droite.
Puis elle posa son regard sur la jeune femme, en esquissant un sourire qui révélait à peine la pointe de ses canines au coin de ses lèvres.

Ainsi, vous n'échouez jamais ?

Son sourire s'agrandit un petit peu plus.

Messages : 7 Date d'inscription : 13/02/2009 Age : 37

L'odeur âcre du sang était vite venue gâcher le subtil arôme du thé de Lena, et son flair ne le trompait pas : elle provenait bien de la dernière arrivée en date dans l'Auberge. Cette certitude ne fut que renforcée lorsqu'après le départ de son client, la jeune noble vint s'approcher de sa table pour finir par s'y asseoir. Au départ, l'assassin ne leva même pas les yeux en direction d'Elizabeth, trop occupée qu'elle était à finir sa tasse de thé. Mais visiblement, elle désirait avoir son attention. N'étant pas rustre, Lena finit par poser doucement son regard dans celui de sa nouvelle interlocutrice qui de toute évidence, venait d'espionner discrètement sa précédente conversation. Parfaitement calme, elle répondit d'un ton presque désinvolte :

- D'aussi loin que je me souvienne ... non. Je ne me rappelle pas avoir failli a une tâche que j'avais entreprise. Mais j'avoue volontiers que je vois mal en quoi cela peut intéresser une parfaite inconnue. Auriez-vous l'obligeance de vous présenter ?

Comme toujours, sa voix ne montrait nul signe d'agression où de méfiance. On aurait pu croire à une conversation courtoise entre deux dames du monde.

Tueuse Pourpre Messages : 18 Date d'inscription : 08/03/2009 Age : 35

Après un moment où la jeune femme sembla ignorer royalement Elizabeth, elle fini par poser son regard sur elle et à lui répondre. Sa voix était totalement neutre. Avant de reprendre la parole, Elizabeth prit une nouvelle bouffée de tabac, qu'elle expira de nouveau en détournant légèrement la tête. Elle ne regarda pas tout de suite son interlocutrice dans les yeux.

Je ne pense pas que mon nom vous dira quelque chose...

Elle détourna de nouveau ses yeux bleus et son sourire en direction de Lena.

...mais nous avons plus ou moins les mêmes occupations.

Elizabeth fît un geste de main à l'homme du comptoir afin de réclamer de nouveau du vin. Lorsque le verre remplit de liquide rouge fût entre ses mains, elle le vida d'une fois, le déposa sur la table, et reprit la parole en faisant passer sa langue sur ses lèvres.

Je suis une chasseresse pourpre qui peut également se vanter de ne jamais échouer.

Elle détourna de nouveau la tête afin de reprendre une nouvelle bouffée de fumée.

Messages : 7 Date d'inscription : 13/02/2009 Age : 37

Le désintérêt traditionnel que portait Lena sur les gens et les choses semblait se dissiper quelque peu. Selon les dires de son interlocutrice, elle avait en face d'elle une autre experte en élimination. Bien évidemment, elle n'était pas femme à donner du crédit à tout ce qu'elle pouvait bien entendre. Mais elle devait reconnaitre que la stature, l'imposante présence que dégageait Elisabeth, pouvaient bien confirmer ce qu'elle affirmait. Prudente, elle se contenta d'esquisser un léger sourire :

- Se vanter est une chose facile. Être à la hauteur de ce que l'on clame en revanche, en est une autre. Quoi qu'il en soit, même en admettant que cela soit vrai, je dois manquer cruellement d'imagination car je ne comprends pas ce qui vous a poussé à rejoindre ma table. De toute évidence, vous n'avez pas besoin de mes services …

Elle approcha alors son visage du sien comme si elle souhaitait lui faire une confidence et murmura à l'oreille de la vampire :

- A moins que vous n'ayez été engagée pour m'éliminer. Auquel cas j'ai le regret de vous annoncer que vous n'êtes absolument pas de taille.

Tueuse Pourpre Messages : 18 Date d'inscription : 08/03/2009 Age : 35

Elizabeth rejeta la tête en arrière afin d'éloigner son visage de celui de Lena pour expirer la bouffée de fumée qu'elle venait de prendre.
Puis elle s'accouda au bord de la table, et posa le menton sur le dos de ses mains jointes, sa pipe coincée entre deux doigts.

Non, je n'ai pas accepté de contrat vous visant...

Elle fixa un instant un point lointain avant de reprendre la parole.

Pour ce qui m'a poussée à rejoindre votre table...

Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle fixait Lena.

J'ai entendu par hasard votre précédente conversation... Tout du moins une partie. Je me suis dis qu'il serait intéressant de discuter avec quelqu'un de votre talent...

Son sourire s'agrandit.

D'autant plus que si j'en crois ce que j'ai entendu, vous semblez jouir d'une certaine notoriété n'est-ce pas ?

Elle marqua une pause.

Vraisemblablement, nous nous ressemblons. En tout cas pour ce qui est professionnel.

Elle fît tourner sa pipe entre ses doigts avant de reprendre une nouvelle inspiration de tabac, qu'elle expira ensuite.

Ensuite, si jamais nous devions nous rencontrer dans le cadre d'un contrat...

Elle plongea son regard dans celui de son interlocutrice.

Nous verrions bien si je suis de taille ou pas.

Messages : 7 Date d'inscription : 13/02/2009 Age : 37

Lena avait reposé sa tasse vide de tout breuvage après que son interlocutrice ait exposé les raisons de sa présence à sa table. La jeune femme n'était pas hostile à l'idée de discuter avec une "consœur" mais elle n'en voyait pas forcément l'intérêt. Avec un brin d'orgueil dans le regard, elle dit :

- Espérons que ce jour ne vienne pas trop vite ... Dans votre interet, cela va de soit.

L'odeur entêtante du sang qu'elle avait jusque là occulté revint à l'esprit de Lena, qui comprenait difficilement d'où elle pouvait provenir. Son interlocutrice ne semblait nullement blessée, interlocutrice qui d'ailleurs ne lui avait toujours pas révélé son nom.

- Pardonnez-moi, mais je pense que vous ne m'avez toujours pas révélé votre nom. J'aime savoir à qui j'ai affaire.

Tueuse Pourpre Messages : 18 Date d'inscription : 08/03/2009 Age : 35

L'odeur de sang qui s'était très vite propagée dans la pièce avait presque entièrement vidée la Taverne qui n'était déjà pas très remplie. Seules quelques personnes restaient, dont de nombreux ivrognes qui ne devaient même pas sentir l'odeur. Elizabeth mit un instant à répondre, son regard était ailleurs. Enfin, et pour la première fois depuis le début de leur discussion, il déposa sa pipe sur sa table. Elle reporta de nouveau son intention sur Lena.Elle lui répondit, une légère teinte d'ennui dans la voix.

Comme je vous l'ai dis au début de notre discussion, mon nom ne vous dira probablement rien.

Elle se tût un instant. Puis elle reprit la parole, un sourire en coin.

Mais puisque vous insistez, je me nomme Elizabeth. Elizabeth Faust.

Elizabeth n'attendait aucune réaction de la part de son interlocutrice. Après tout son identité n'était pas réellement connue, et même si elle le devenait, cela n'entraverait absolument pas ses intérêts. Elle ne marqua pas de pause et questionna à son tour Lena.

Je me suis présentée. Mais dans notre conversation, ou dans les bribes de celle que j'ai entendue précédemment, je ne pense pas avoir surprit au vol l'énonciation de votre identité. Me permettrez-vous de la connaître ?

Elle avait ici volontairement prit un ton exagérément poli.

Messages : 7 Date d'inscription : 13/02/2009 Age : 37

Lena ne releva pas l'ironie du ton d'Elizabeth, non pas qu'elle ne l'ait pas saisie, mais elle n'en n'avait rien à faire. Ce que cette étrange créature pouvait bien penser de ses manières l'importait peu. Son instinct lui disait que celle qu'elle avait en face d'elle n'était pas une humaine ordinaire ... Elle n'était peut être même pas humaine du tout. Et comme elle s'y attendait, elle lui retourna la question qu'elle lui avait posé quelques instants plus tôt. Le bruit caractéristique d'un arc électrique se fit entendre, sans que l'on sache de quelle partie du corps de l'hybride cela pouvait venir. Elle resta parfaitement stoïque, avant de répondre :

- Je n'utilise jamais mon nom ... car je le hais. Il symbolise tout ce que j'abhorre ... dans ma propre existence. Mes origines, mon enfance ... Tout ce qui a fait de moi ce que je suis. Les seules personnes qui le connaissaient sont mortes aujourd'hui. Mais ... Tout le monde me connait sous le surnom de Miss Thunderbolt.

Et ce surnom, toute personne ayant fréquenté les milieux les plus sombres de ce royaume l'avaient déjà entendu une fois. Ils savaient qu'elle était celle qui avait succédé au redoutable Ezekiel, le Maître Assassin qui avait travaillé pour les plus grandes Elites. Elle ne semblait en tirer aucune fierté, mais sa dignité naturelle en imposait tout autant.